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Le blog de Scribulations

Y'a de la joie, mais pas que

28 Octobre 2008, 19:13pm

Publié par Scribulations

 

 

 

Tenant enfin en main en vrai le premier exemplaire de Scribulations 01-08, y'avait de la joie bien sûr, mais si je me lançait dans l'exercice – un peu vain, je vous l'accorde en si bémol majeur – de soupeser de quoi cette joie était composée, je trouverais sans doute une bonne dose de soulagement.


C'est « l'effet élastique » que connaissent bien les auteur, voire même connasse pour l'une d'entre elle, et plus généralement tout ceux qui après des mois de stress voient brusquement cette tension accumulée se relâcher, le but étant atteint, le bateau lancé, l'examen réussi, le bébé venu au monde avec le nombre réglementaire de membres attachés aux bons endroits, les enfants rentrés de leur tour du monde vivants, autres situations, rayez les mentions inutiles.


Perso, je n'ai pas douté un instant que cette revue voit le jour, mais de la voir inscrire ses 190 g de parallélépipède plat dans mon chez moi puis de feuilleter ses 200 pages m'a permis, et à cet instant seulement, de voir « validées » les idées apparues sous la douche le 17 avril 2008 et mises en oeuvre depuis.


Dès le départ – et sous l'eau chaude donc - je voyais cette revue sous forme d'un livre. Elle l'est et du coup, tenant ce volume dans mes mains, je sais désormais que c'était une bonne idée. C'est le premier signe de « rupture » avec la production habituelle de ce secteur des revues littéraires. Je l'ai dit ailleurs mais on peut le rappeler, Scribulations n'est ni la première, ni la seule revue ayant pris le parti du format livre. On se souvient peut-être de la revue « Univers » chez J'ai lu, dédiée à la science fiction et on trouvera (en cherchant bien) La Revue Littéraire des éditions Léo Scheer. Il y en a sûrement plein d'autres, souvent moins épaisses, leur petit format permettant de sortir à moindre frais. Mais là où on pense revue, où l'on voit un truc assez grand, plutôt mince, très en couleur et finissant en pile dans les chiottes, Scribulation se présente comme compact, assez épaisse, en noir (gris) blanc et visant plutôt les rayons de votre bibliothèque.


Mais dans mon esprit, l'originalité de Scribulations ne s'arrêtait pas à ses dimensions physiques. Dès le début, j'ai affirmé des choix, la plupart ne reposant sur rien d'autre que la sensation « qu'il fallait que ce soit comme ça. » et c'est bien de voir ces paris gagnés qui soulage.


 Il n'y a par exemple aucun article, aucune chronique sur l'actualité littéraire dans Scribulations. Je voulais que des années après la parution d'un exemplaire, on puisse le relire sans tomber sur des trucs moisis parce que trop liés à des circonstances précises. Je ne voulais même pas écrire d'édito pour dire que youpi, ça y était, on lançait une revue et la numérotation adoptée pour les exemplaires ne les situent les un par rapport aux autres que dans l'année de leur parution. C'est à dire que lorsque nous en seront au numéro 100, il sera numéroté comme les autres avec le 01 du printemps, le  02 de l'été ou  le 03 d'automne, suivi du millésime et voilà. Bon, pour l'édito, je me suis laissé convaincre qu'il en fallait un, mais c'est bien parce que c'est vous.


Pour ce qui est de la ligne éditoriale, elle était aussi claire dans mon esprit que le reste. Scribulations devait rendre compte de cette formidable vie des ateliers d'écriture. Ce que je voulais montrer au lecteur, c'est que des gens comme lui, se réunissant pour s'encourager et se soutenir, produisaient des textes intéressants. Cet aspect là est également en rupture avec les habitudes. Il ne s'agissait pas pour nous de constituer une écurie d'auteurs sublimes, forcément sublimes, souvent totalement écrasants (quand ils ne sont pas mégalo) mais au contraire de susciter chez nos lecteurs quelque chose de l'ordre du « Je pourrais en faire autant » Scribulations répondant alors : « Ben oui. Qu'est ce que tu attends ? ». Il s'agit donc bien d'une revue d'amateurs, réalisés par des gens dont l'écriture n'est en moyenne pas le métier - juste leur jardin secret - destinée à des gens amateurs de lecture et d'écriture.


C'est bien notre amateurisme – autrement dit de faire les choses par plaisir plutôt que par nécessité - qui nous rend totalement libre. Nous n'avons pas fait d'étude de marché, nous n'avons pas d'espace publicitaire à vendre, les sommes engagées sont de l'ordre de 400 € par numéro - pas de quoi hypothéquer la Rolls et du coup, Scribulations est telle que je l'avais vue, telle que nous l'avons voulu, décidé puis réalisée. Il y a quand même un domaine pour lequel nous avons voulu faire preuve du plus grand professionnalisme possible, c'est celui de la réalisation matérielle de la revue. Juste parce que vous et moi avons une très grande habitude de l'écrit et qu'en la matière, le négligé nous heurte. Donc belle couverture, beau papier, belle impression, bonne correction pour une bonne lecture. C'est le moins qu'on puisse faire. Pour le reste, pour l'essentiel, Scribulations, c'est un rêve devenu réalité. C'est cette immense chose que venait me dire ces pauvres 190 g de papier : les rêves se réalisent. 

 

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