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Le blog de Scribulations

La formule

29 Décembre 2009, 19:08pm

Publié par Scribulations

 

 

Ben quoi ? Ce n'est pas parce que je n'ai pas encore l'âge d'écrire mes mémoires (de toute façon...) ni parce que nous n'en sommes qu'au troisième numéros de Scribulations que je ne peux pas, du haut de ma sagesse infinie, compiler quelques remarques utiles à qui voudrait se lancer comme nous dans la confection d'une vraie revue littéraire contenant des vrais morceaux de bravoure ! De toute façon, ceux-là n'en feront qu'à leur tête. Mais nous les humains sommes ainsi fait : nous ne pouvons pas nous empêcher de vouloir aider qui ne nous demande rien. Coluche l'avait très bien compris avec son célèbre : « Ne m'aide pas ; déjà que je n'y arrive pas tout seul ! » 

  

J'aurais sûrement l'occasion, si je poursuit cette série, de vous parler imprimerie, maquette, nombre d'exemplaires, distribution... Mais je réalise, alors que ce troisième numéro de Scribulations va voir le jour, que la seule chose qui aurait demandé un peu plus qu'une intuition de départ, la seule chose qu'on ne puisse plus désormais modifier sans changer l'identité de la revue, c'est sa « formule ». Désolé, je ne trouve pas d'autre mot pour désigner l'agrégat improbable d'un format, d'un titre, d'une ligne éditoriale, d'une maquette et de bien d'autres choses dont la réunion forme un tout, comme pour nous nos organes, nos membres, chacun des traits de notre visage.

 

J'ai cru choisir une formule assez souple, mais je réalise qu'elle ne doit pas l'être tant que ça puisque après deux numéros seulement on peut dire de façon assez précise si « ça irait » ou si « ça n'irait pas » dans Scribulations. Donc, premier conseil à nos futurs éditeurs-rédacteurs en chef de revue : faites gaffe, parce qu'une fois que c'est parti, vous ne pouvez pas changer du tout au tout d'un numéro à l'autre.

 

Pris isolément, aucun des éléments de Scribulations n'est particulièrement original, mais c'est bien leur réunion qui compose l'identité inimitable de notre chère revue.

 

Le format. Bien réfléchir au format. La forme extérieure vous apparente forcément à une classe d'objets comparables. Tabloïds, journaux, quotidiens, magazines, revues, annuaires... le monde du papier imprimé est peuplé de bien des espèces. Scribulations emprunte un format livre assez courant, très proche du A5 (14/21cm). On connaît d'autres exemples de revues paraissant en format livre. On peut penser à « La revue littéraire », mais surtout à « Univers », cette revue de science-fiction ayant été publiée par « J'ai lu », au format habituel des autres ouvrages de SF de cet éditeur (11/16,5). Pour Scribulations, le format livre s'imposait comme valorisant pour ses auteurs mais également pour échapper au trajet domestique des revues ordinaire, qui va de la boite aux lettres à la table du salon, puis de là aux toilettes, pour finalement se faire recouvrir assez vite par d'autre trucs à lire quand on aura ce temps. Le livre suit des parcours domestiques différents. Il peut voyager en sac, s'inviter au bord du lit et finira généralement sa course plutôt sur l'étagère d'une bibliothèque, où il prendra ses marques et ressortira, dans une semaine, un mois, un an.

 

Du coup, on voit bien comment ce seul choix du format contraignait déjà notre contenu. Exit tout ce qui pouvait ressembler à de l'actualité littéraire, critique, édito... Il fallait opter pour de l'impérissable ou du moins pour des textes longue conservation, qu'on puisse relire un ou deux ans après sans qu'ils aient pris le goût de bouchon. Et comme un livre n'est pas qu'une dimension de couverture, nous étions également contraint par notre format de publier assez de texte pour remplir les cent cinquante à deux cents pages en deçà desquelles nous n'avons plus un livre, mais plutôt un opuscule, une brochure, un recueil.

 

Le titre. Les choses étant ce qu'elles sont et Google étant ce qu'il est, le choix d'un titre est très contraint par les nécessités du référencement effectué par les moteurs de recherche. En plus d'être raisonnablement original et explicité, le titre doit permettre à nos lecteurs de nous trouver sur internet dès la première page de résultat de recherche, et si possible en première position. C'est le cas pour « Scribulations », choisi parmi de nombreuses autres possibilités de titres évoquant également l'écriture, la déambulation et les aventures hasardeuses, puisqu'au moment de notre choix, les requêtes Google en langue française renvoyaient pour « Scribulations » un résultat quasi nul (4610 pages de résultats actuellement).

 

La ligne éditoriale. Jamais su ce que ça voulait dire précisément. Mais s'il s'agit de constater qu'à l'arrivée, Scribulations publie plutôt de la fiction, plutôt de la prose, plutôt des textes entre une et vingt cinq pages, en français et plutôt des textes qui me plaisent, alors oui, nous avons une ligne éditoriale. Sinueuse. D'ailleurs, je me sens beaucoup moins contraint par cette « ligne éditorial » que par la nécessité de constituer un sommaire organisé en rubriques. Cette organisation classique pour toute publication périodique revêt pour Scribulations une importance particulière puisqu'il s'agit, mine de rien, en regroupant les textes et donc leurs auteurs, de rompre doucement avec ce modèle d'écrivain maudit, superbement isolé dans sa tour d'ivoire, légué par les romantiques mais finalement très encombrant. A l'opposé, Scribulations voudrait soutenir et valoriser l'écriture plaisir, l'écriture qui rapproche, l'écriture des ateliers, l'écriture qui ose courir le risque de la rencontre avec l'écriture et la lecture de l'autre.

 

La maquette. Qu'en dire ? J'étais assez content de la mise en page effectuée par mes soins, jusqu'à ce qu'un jeune lecteur, d'ailleurs illustrateur, me dise « On voit bien que ça n'a pas été fait par un professionnel ». (Bruit d'illusions se brisant. Ça fait un peu comme la vitre, mais en plus blessant.) Qu'à cela ne tienne mon grand, tu te charges du prochain numéro ? D'accord, acquiesça-t-il après que nous eûmes convenu d'honoraires pharaoniens. Ce jeune cré... Hûm. Ce jeune artiste plein de talents et bientôt plein de mes euros avait raison bien sûr. Nous n'avons pas du tout à rougir de l'aspect des numéros de Scribulations sortis jusque là mais je ne doute pas que le prochain sera visuellement plus cohérent, mieux structuré. Du moins si Tim consent à revenir des Bahamas où il boit sur la plage des Piña Colada du matin au soir, entouré de créatures de rêve...

 

Quoi d'autre dans la formule magique ? Le prix. Scribulations est vendu 10€, ni plus, ni moins. Ou alors c'est qu'on vous l'a offert. Ou que vous l'avez volé. D'ailleurs, oui, il m'en manque un. Bloquez toutes les issues. Dix euros, les frais d'acheminement étant à la charge de l'acheteur, c'est bien. On est au dessus du prix d'une revue, en deçà du prix d'un livre et donc dans un entre-deux qui convient tout à fait. L'impression noir&blanc. Là, outre l'idée du livre, se sont imposé aussi des nécessités plutôt économiques, mais il n'est pas exclu qu'à terme, nous puissions nous offrir quelques pages couleur. Ce serait d'autant plus intéressant que Scribulations étant assez richement illustrée, la couleur offrirait plus de possibilités, certaines oeuvres abandonnant beaucoup de leur intérêt en passant en noir&blanc. La publicité. Y'en a pas. Du moins pas sous forme d'espace payant. On fait quand même une large place aux autres publications de nos auteurs et illustrateurs. Ceci dit, si Monsieur Coca Cola me lit, je ne demande qu'à négocier.

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